Roi Heenok est de ceux qui réconcilient les paradoxes et les contradictions. Comme Pantashop, on pourrait résumer son travail à ce vieil adage publicitaire: s’il n’existait pas il faudrait l’inventer. Roi Heenok, c’est un peu le chaînon manquant entre le rap francophone et le slang de Queensbridge, entre les Monty Python et Mobb Deep, entre l’entertainment digressif et la sémantique. Synthèse improbable entre le messianisme de Van Damme, les figures tutélaires de Queensbridge ou le black entrepreneuriat d’un 50 Cent, Roi Heenok s’impose comme une figure marginale et atypique dans le panorama du rap francophone. Fervent défenseur du français, il recycle des tournures idiomatiques américaines mais dans la langue de Molière. Il impose ainsi une nouvelle sémantique.

Mais au-delà du personnage, Heenok Beauséjour est-il bien différent du Roi ? C’est la question à laquelle tente de répondre ce docu-vérité. Tourné sur trois années, ce film s’immerge dans l’univers truculent du Roi Heenok et retrace son itinéraire. De ses débuts à son arrestation. De son épisode new-yorkais dans le quartier de Queensbridge à son retour à Montréal, le Roi Heenok revient sur son parcours.