Il y a du Syd Barrett chez Delgado Jones. Pour l’étrangeté et le goût des fils tendus au-dessus du vide. Du Donovan également, pour la déconcertante facilité d’écriture et la manière de jouer de la guitare comme si on revenait d’orient et pour la présence en filigrane du cosmos. Delgado Jones a sa spiritualité, et celle-ci est faite de voyages, à l’intérieur et à l’extérieur de soi. Tales of Wanderland est un livre de contes, où Delgado nous donne de ses nouvelles. L’inspiration est biographique, sincère et sans filtre. Depuis son dernier album en forme de deuil, le funèbre Rainforest, il a beaucoup voyagé. D’abord dans l’entre-deux avec « Halo » qui évoque le moment où les portes du sommeil nous ouvrent un espace de liberté, ou “The Orange Pen at the Tiny Blue House”, qui retrace des séances de thérapie EMDR, suivies en mode somnambule. Dans ce « Paradise Cosmos » ensuite, qu’il entrevoit au bout du tunnel, ou dans ce périple en Ecosse (« The Kirkintilloch Rock »), entrepris à vélo, en quête d’une liberté qui n’existe pas. Tout ramène Delgado à son imaginaire, à ses amitiés, à ses amours, à cette “Dragonfly Girl” avec laquelle il se livre à un étrange ballet nuptial, brodé d’un violon somptueux par Mirabelle Gillis, au jeu des coïncidences, au jeu de l’amour et du hasard qui n’en est pas, quand les planètes cessent de se télescoper pour enfin s’aligner. Comme il n’y pas de hasard, c’est avec John Trap (batterie, mixage) qu’il signe le son de ce disque de haut vol – au sens astral. Donovan, on vous dit…
DELGADO JONES
album : Tales of Wanderland