D’habitude, ce genre de texte a pour but d’expliquer aux autres journalistes, rédacteurs en chef de magazines musicaux, professionnels de la distribution et vendeurs de magasins de disques pour quelles raisons ils devraient apprécier tel ou tel album, l’acheter, lui consacrer un article et en faire un maximum de buzz. Ces panégyriques manquent souvent un peu d’honnêteté, voire donnent franchement l’impression qu’on veut nous refourguer un pneu crevé. En ce qui concerne « M » Megamix, le nouveau LP d’I:Cube, les choses sont bien sûr entièrement différentes ! Comme il s’agit de son cinquième album solo, une présentation de Nicolas Chaix ou un rappel de sa biographie (autre élément très prisé dans les argumentaires commerciaux) semble assez inutile. Si vous ne savez pas ce que vous devriez déjà savoir, entrez n’importe lequel des mots suivants dans votre moteur de recherche Internet : Chateau Flight, Versatile Records, French Touch, Disco Cubizm ou prodige parisien.
De toute façon, « M » Megamix n’est rien de moins que son œuvre maîtresse. Ce titre judicieusement choisi cache un assortiment de toutes les choses qui rendent la dance music (électro) aussi géniale. I:Cube lui-même sera le premier à confirmer que faire preuve de cohérence dans un album rempli de morceaux à danser relève du travail de Sisyphe. C’est tout simplement impossible. La musique composée pour les DJs et les amateurs de dancefloor a besoin d’un format plus proche du lieu de sa performance. Dans un éclair de génie, « M » Megamix jette un pont entre la mixtape, l’album et l’enregistrement live. Comme un hommage au déficit d’attention qui semble toucher l’ensemble de la population, il ressemble à une prise unique, en impro et au tracklist volontairement aléatoire. Sur les 24 tracks de « M » Megamix, certains se prolongent, d’autres passent à toute vitesse, mais tous s’emparent de vous dès la première seconde et donnent vraiment envie d’en entendre plus.
Le résultat ? L’album ressemble à votre mixtape préférée, avec sa tonne de morceaux que vous avez toujours voulu identifier sans jamais y arriver. Articulé autour des trois titres de « Lucifer En Discothèque », le tout dernier maxi d’I:Cube, il fourmille de tous les petits détails et signatures inimitables pour lesquels il est aussi réputé qu’adoré. Ici, la house et la techno échangent leurs brins d’ADN entre la dance music passée, présente et future, des touches de boucles disco, de ballades Italo et de romantisme à la française, une passion pour la brutalité et la tendresse, mais aussi l’historique musical personnel plus ou moins complet d’I:Cube, entre sa collection de disques et les étagères de son studio.
Je pourrais vous rendre service dès maintenant, chers journalistes, et citer toutes les influences, stimuli et schémas que je repère dans cet album, mais ce serait vous mâcher le travail et minimiser le talent fou de Chaix. Tout ce que j’ai à dire, c’est que « M » Megamix donne envie d’être écouté en boucle, encore et encore. I:Cube, je te salue.
1 Not Important
2 Bajo Bajo
3 Grotto
4 Your Brain
5 Transparent Sea Creatures
6 Transpiration
7 Zero Tastatur
8 In Alpha
9 Interludio
10 Y.O.U.R.O.C.K
11 Get The Fever
12 Cadence III
13 Jah Menta
14 Makossa Suspens
15 N'Dololo X M
16 Magnetic Mambo
17 Omamo
18 Club Miniature
19 Le Rocher Aux Singes
20 Deflation
21 Popular Electronics
22 Too Old For This
23 Luci Fer En Discothèque
24 SH 50 Storm
I:Cube
album : "M" Megamix
